CGT : la coûteuse rénovation
de l'appartement de fonction de Thierry Lepaon
Le Point - Publié le 28/10/2014 à 18:51 - Modifié le 29/10/2014 à 14:48
D'après "Le Canard enchaîné", les travaux de
l'appartement de fonction du numéro un de la CGT auraient coûté la bagatelle de
120 000 euros à la centrale.
Les révélations du Canard enchaîné sur la rénovation de l'appartement de
fonction de Thierry Lepaon embarrassent la CGT, qui a lancé mercredi une
enquête interne, et fragilisent son numéro un, qui peine à s'imposer depuis son
élection en mars 2013. Selon l'hebdomadaire satirique, les travaux pour cet
appartement de 120 m2 ont coûté 130 000 euros à la CGT, mais le devis initial
était encore plus élevé (150 000 euros). Le numéro un de la CGT aurait renoncé
à quelques dépenses comme l'installation d'un home cinéma ou d'une cave à vins.
Le loyer de cet appartement, situé le long du bois de Vincennes, près de Paris, est de 2 000 euros, selonLe Canard enchaîné.
Le trésorier de la CGT, Éric Lafont, a
annoncé à l'AFP qu'il avait lancé une enquête interne,
"car il s'agit vraisemblablement d'un document qui a été dérobé à
l'intérieur de nos services", faisant référence au devis des travaux cité
par l'hebdomadaire satirique.
Dans un communiqué, la CGT a justifié ces dépenses, dont elle n'a pas
contesté le montant, par la nécessité de "mettre à disposition un logement
de fonction en région parisienne entièrement équipé" à Thierry Lepaon, qui
vit en province. "Nous n'allions pas lui demander de payer un deuxième
loyer pour travailler à Paris, alors qu'il habite déjà dans un HLM en
Normandie", a ajouté Éric Lafont sur Europe 1. "Thierry Lepaon n'a
pas un train de vie bling bling", a-t-il insisté par la suite sur
i>Télé.
À la mi-journée, Thierry Lepaon n'avait
toujours pas réagi et les dirigeants cégétistes ne se pressaient pas pour
défendre leur secrétaire général, déjà tancé par le Premier ministre. S'il a
affirmé ne pas vouloir "accabler" Thierry Lepaon, Manuel Valls a prôné "l'exemplarité à tous les
niveaux".
"Des tensions internes fortes"
Selon Bernard Vivier, directeur de l'Institut du travail, "cette
affaire révèle des tensions internes fortes". Évoquant une boule puante,
il a estimé auprès de l'AFP que "ce n'est pas en opérant des règlements de
compte sur le dirigeant en place que la CGT va régler en interne le problème de
fond, qui n'est pas celui de son dirigeant, mais celui de sa direction", à
savoir, "vers où la CGT doit aller, quelle est la ligne qu'elle doit tenir
?"
Un spécialiste des relations sociales, qui préfère garder l'anonymat,
estime de son côté que ces révélations risquent "de plonger encore un peu
plus dans la consternation bon nombre de responsables" du syndicat.
"Thierry Lepaon n'est pas arrivé avec la légitimité maximale" à la tête
de la centrale, rappelle cet expert pour qui le secrétaire général "ne
s'aide pas beaucoup lui-même" et "n'a pas beaucoup de charisme".
Ancien chaudronnier entré dans la vie active à 17 ans et licencié deux fois
pour son activité syndicale à la fin des années soixante-dix, Thierry Lepaon
est arrivé à la tête de la confédération en mars 2013, après une longue crise
de succession ouverte par le départ de Bernard Thibault, en poste depuis 1999.
L'ex-ouvrier était à l'époque apparu comme un "candidat par défaut",
alors que Bernard Thibault voulait imposer une femme à la tête de la CGT,
contre le souhait de nombreux cadres ralliés à Éric Aubin.
Dans un récent reportage diffusé sur France 5 dans l'émission C politique, Thierry Lepaon reconnaissait avoir eu du mal à se glisser dans le
fauteuil de numéro un de la centrale. "Passer après Bernard Thibault,
passer après Louis Viannet, passer après Henri Krasucki. Si je ne mesure pas le
poids de l'histoire dans ces cas-là..." avait-il déclaré. Mais il avait
laissé entendre que la page avait été tournée et dit pour la première fois ne
pas exclure de se représenter en 2016 pour un nouveau mandat. Thierry Lepaon
s'est fait connaître dans la lutte des salariés de Moulinex lorsqu'en 2001 le
groupe électroménager a déposé son bilan, repris par son concurrent Seb.
Hôpitaux de Marseille : un rapport accablant
Le Point - Publié le 29/10/2014 à 07:00 - Modifié le 29/10/2014 à 15:29
L'Inspection générale des affaires
sociales a publié un rapport dans lequel la gestion de l'Assistance
publique-Hôpitaux de Marseille est pointée du doigt.
Gestion "archaïque",
"système clientéliste", finances "inquiétantes",
"privilèges" accordés au syndicat majoritaire : l'Igas a publié mardi
soir un rapport accablant sur la situation de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM). "L'inertie qui a
caractérisé l'établissement pendant des années et la prégnance du poids politique
et d'organisations syndicales fortes sont des freins réels à la restauration
d'un fonctionnement normal de l'établissement", résument les auteurs.
"La bonne distance entre la mairie
et les instances de l'AP-HM n'est toujours pas trouvée", selon le rapport
de l'Inspection générale des affaires sociales, commandé en mars 2013 par la
ministre de la Santé Marisol Touraine. "Il doit être mis un
terme au système clientéliste qui a longtemps prévalu", intime l'Igas, qui
développe : "Un grand nombre de recrutements de personnels non qualifiés
est intervenu pendant de nombreuses années sur recommandations d'élus." La
mission de l'Igas s'étonne, en outre, que les réunions du conseil de
surveillance aient "toujours lieu à la mairie de Marseille et non dans les
locaux l'établissement".
L'Igas cible également les
"privilèges" accordés au syndicat majoritaire Force ouvrière :
"Il convient de mettre fin à la situation réservée à une organisation
syndicale, fût-elle majoritaire, et de la considérer comme les autres, sans
privilège d'information et en évitant de lui laisser son rôle traditionnel de conseil en recrutement." Par ailleurs,
l'Igas juge "inquiétante" la situation financière de l'AP-HM,
"très fortement endettée" à cause notamment d'une "politique
d'investissement ambitieuse et coûteuse".
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